Bobo-Dioulasso, le 25 avril 2023 : A l’ occasion de la 16e édition de la Journée mondiale du paludisme, l'Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) se joint à ses partenaires pour réitérer son engagement en faveur de l'élimination du paludisme, conformément aux Objectifs du Développement Durable. Cette journée est célébrée par la communauté internationale en reconnaissance du fait que le paludisme est une priorité de santé mondiale et pour inciter les gouvernements à maintenir le paludisme parmi les priorités de leur programme de santé publique et à assurer un engagement continu avec les principales parties prenantes. Le thème de cette année est "Il est temps d'atteindre l'objectif zéro paludisme : investir, innover, mettre en œuvre".
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 247 millions de cas de paludisme ont été signalés dans le monde en 2021, dont près de la moitié (48,5%) dans la région de la CEDEAO, bien que la région n'abrite qu'environ un dixième de la population mondiale exposée au risque de paludisme. De même, environ la moitié (52,8%) des 619 000 décès dus au paludisme dans le monde a été signalée dans la région de la CEDEAO. Au-delà de la santé, ces chiffres traduisent des conséquences socio-économiques significatives, en particulier pour les mères et les enfants.
La plupart des pays de la CEDEAO ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs mondiaux d'élimination du paludisme. En effet, les taux d'incidence et de mortalité du paludisme ont stagné depuis 2017. La région de la CEDEAO est confrontée à des turbulences politiques, à des activités terroristes en cours, à des épidémies et à des systèmes de santé relativement
faibles qui empêchent une surveillance efficace et la mise en œuvre d'interventions. Les programmes de lutte contre le paludisme sont confrontés à diverses menaces telles que le financement limité, la résistance des vecteurs aux insecticides, la propagation d'Anopheles stephensi, la résistance aux médicaments et le faible accès à la prévention et au traitement. Il est donc urgent d'investir, d'innover et de mettre en œuvre.
Malgré les défis, des progrès importants ont été réalisés. Le Cabo Verde, la Gambie et le Ghana ont atteint les objectifs de la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme, enregistrant une réduction de plus de 40 % de l'incidence du paludisme entre 2015 et 2020. Le Cabo Verde a entamé le processus de certification de l'élimination du paludisme. Neuf des 24 pays qui ont, à ce jour, lancé la campagne "Zéro Paludisme! Je m'engage" se trouvent dans la région de la CEDEAO. Un total de 40,4 millions d'enfants âgés de 3 à 59 mois dans onze pays de la CEDEAO ont reçu 161 millions de doses pour les protéger du paludisme pendant la campagne de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) en 2021. Un réseau régional impliquant des parlementaires engagés dans l'élimination du paludisme a été mis en place. Des pays comme le Ghana et le Niger ont formé un groupe national de parlementaires activement engagés dans le programme d'élimination du paludisme, y compris l'approbation du budget de la santé, la lutte antivectorielle et l'éducation du public.
De nombreux pays de la CEDEAO se préparent à utiliser des moustiquaires à longue durée de vie de nouvelle génération afin de surmonter la résistance croissante aux pyréthrinoïdes. Ils se préparent également à l'élaboration de nouvelles directives sur l'utilisation de vaccins antipaludiques approuvés. D'autres exemples d'investissements innovants sont la numérisation de la collecte de données dans les campagnes de distribution de moustiquaires et de la CPS, ainsi que
la microstratification du risque de paludisme en vue d’adapter les interventions au niveau infranational.
Des études montrent que chaque dollar investi par habitant dans les interventions de lutte contre le paludisme en Afrique pourrait se traduire par une augmentation du produit intérieur brut (PIB) par habitant d’environ 6,75 dollars. À cet égard, et conformément à la résolution de l’Assemblée des Ministres de la Santé de la CEDEAO en mai 2019, l’OOAS appelle les États membres à mobiliser les ressources nationales et à exploiter d’autres sources de financement novatrices, y compris le secteur privé. L’OOAS reconnaît certaines initiatives telles que l’inauguration de conseils et fonds nationaux pour l’élimination du paludisme ainsi que l’engagement du secteur privé, y compris les banques, les sociétés minières, les sociétés de télécommunications et les philanthropes. L’OOAS continuera à apporter un soutien financier et technique à la formation, à la lutte antivectorielle et à l’amélioration de l’accès à la prévention, au diagnostic et aux soins. Il est essentiel d’impliquer activement les communautés et, dans la mesure du possible, de synchroniser nos campagnes dans les zones transfrontalières.
A l'occasion de la 16ème Journée Mondiale du Paludisme, l'OOAS remercie la Commission de la CEDEAO et ses Etats membres, l’Union Africaine, l’Alliance des Leaders Africains sur le Paludisme (ALMA), le Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, l'OMS, les organisations bilatérales et multilatérales, les donateurs, les ONG, les médias, la société civile, les jeunes et les communautés pour tout le soutien qu'ils ont apporté à la lutte contre le paludisme et à son élimination au fil des ans.
Ensemble, nous pouvons reconstruire mieux et plus vite ! Le moment est venu d'atteindre l'objectif "zéro paludisme" grâce à des investissements accrus et de meilleure qualité, à l'innovation et à la mise en œuvre !