Date: 2017-09-14 19:27:21 ID: 1708
Le Directeur Général de l'OOAS en qualité de panéliste à la rencontre internationale sur le thème «Menace infectieuse dans les pays en développement: Une approche de santé globale et pour les acteurs de terrain», évoque la situation des risques épidémiques en Afrique de l'Ouest, les enjeux les interventions, et les perspectives
En séjour à Annecy, France pour la célébration du cinquantenaire de la Fondation Mérieux à Annecy en France, le Directeur Général de l'OOAS a pris part au centre «des Pensières» aux échanges scientifiques sur des priorités de santé publique. Les tables rondes organisées après la cérémonie d'ouverture en présence de plusieurs personnalités dont MrAlain Mérieux, Président de la Fondation et de MrBenoit Miribel, Directeur General de la Fondation Mérieux, ont porté respectivement sur:
Les risques épidémiques dans les pays en développement présidée par le Professeur Christian Brécho, Directeur General de l'Institut Pasteur
La deuxième table ronde a concerné les nouvelles dynamiques locales pour développer les capacités en matière de santé, présidée par le Professeur Ogobara Doumbo, Directeur du centre de recherche et de formation sur le paludisme à la Faculté de Médecine de l'Université de Bamako au Mali
La troisième table ronde était focalisée sur les nécessaires approches multifactorielles de santé globale, présidée par le Professeur Jean-William Pape, Fondateur et Directeur des centres GHESKIO (Groupe haïtien d'études du sarcome de Koposi et des infections opportunistes) en Haïti, Professeur de Médecine au Weill Médical Collège de l'Université de Cornell.
Pour la première table ronde, après l'ouverture des travaux par le Pr Brèchot, le DG de l'OOAS, Dr Xavier CRESPIN en qualité de paneliste a intervenu sur les risques épidémiques en Afrique de l'Ouest, particulièrement la situation épidémiologique actuelle, les enjeux et les interventions, les perspectives.
Dr Xavier CRESPIN a indiqué que Les épidémies entraînent chaque année des pertes considérables de vies humaines et constituent un vrai problème de santé publique dans la région et une menace pour la sécurité sanitaire mondiale. La région Ouest Africaine est l'une des parties du monde où les populations paient le plus lourd tribut aux épidémies. Plus de 1730 épidémies ont été signalées en Afrique entre 1970 et 2016 dont plusieurs en Afrique de l'Ouest. Les plus fréquentes sont celles relatives au choléra, aux arbovirus, à la rougeole et la méningite, et depuis 2014 à l'épidémie de la maladie à virus Ebola, pour lesquelles les systèmes nationaux de santé ne sont pas bien préparés pour apporter une réponse adéquate. La région est également confrontée à des catastrophes naturelles (inondations, sècheresse, conflits, etc.) pouvant engendrer des problèmes de santé. Par ailleurs, les données actuelles de recherche et de surveillance indiquent qu'environ 75% des nouvelles maladies infectieuses qui affectent les humains au cours de la dernière décennie sont d'origine animale, c'est à dire des zoonoses telles que les fièvres hémorragiques virales (Ebola, fièvre de la vallée du Rift, etc.).
Ces épidémies récurrentes ont des conséquences néfastes sur le développement de nos états, car entrainant une limitation de la libre circulation des personnes et des biens avec un impact négatif sur le développement socio-économique. C'est pourquoi, la CEDEAO et l'OOAS ont fait du renforcement des systèmes de santé une priorité pour mieux prévenir les maladies, restaurer la santé et participer à la promotion des conditions favorables pour atteindre un état de bien être complet des citoyens. De même, un plan stratégique (2016-2020) a été élaboré avec 13 programmes prioritaires dont ceux relatifs à: Information sanitaire et recherche; Lutte contre les maladies; Epidémies et urgences sanitaires; Médicaments et vaccins; Ressources humaines en santé; Assistance technique aux états; Coopération technique et harmonisation des politiques; etc.
En matière de lutte contre les épidémies, le Directeur Général de l'OOAS a indiqué que l'objectif principal est de «renforcer les capacités des 15 états membres de la CEDEAO en matière de surveillance, de prévention, de riposte et la résilience aux chocs épidémiques et aux urgences». Il a rappelé quelques interventions majeures comme la création du Centre Régional de Prévention et de Contrôle des Maladies dont le siège est au Nigeria qui permettra de renforcer les capacités des états membres de la CEDEAO en vue de mieux prévenir, dépister les maladies et apporter une riposte efficace aux épidémies; de renforcer les capacités de recherche en santé; de renforcer la coopération scientifique en matière de surveillance des maladies entre la CEDEAO et les autres centres; de consolider la collaboration transfrontalière et intersectorielle dans le domaine de la santé publique. Il a rappelé les 4 composantes essentielles du Centre à savoir: la Surveillance épidémiologiques et Alerte précoce; le Laboratoire; la Recherche et la Formation; et enfin l'Investigation et la Riposte.
Les autres interventions majeures au niveau de la région portent sur L'adoption et la mise en œuvre de l'approche ONE HEALTH (Une seule Santé): avec la création d'une plateforme régionale de coordination autour de 4 activités essentielles, à savoir: L'évaluation des risques sanitaires de la région;la mise en place d'un système intégré de partage d'informations; le renforcement des capacités des laboratoires; l'organisation des exercices de simulations conjointes (multisectorielles et multidisciplinaires) d'investigation, de prévention et de riposte aux épidémies; et enfin le renforcement de la collaboration transfrontalière et intersectorielle.
Il faut aussi retenir la mise en place d'un fonds régional de lutte contre les épidémies en vue d'appuyer les états la gestion des épidémies (appui technique, financier et logistique).
Dr Xavier CRESPIN a enfin rappelé qu'en plus de ces mécanismes régionaux mis en place, l'OOAS travaille avec les différents partenaires en vue de la mise en œuvre de façon adéquate dans les pays membres de la CEDEAO de certaines stratégies et autres outils développés pour lutter contre toutes ces maladies, notamment le Règlement Sanitaire International (RSI 2005) de l'OMS, l'outil d'évaluation des Performances des Services Vétérinaires (PVS) de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale, et l'Agenda pour la Sécurité Sanitaire Mondiale (Global Health Security Agenda).
Ces trois tables rondes, qui étaient retransmises en direct dans trois centres de la Fondation Mérieux au Laos, au Mali et au Moyen-Orient, ont suscité de nombreuses questions et des fructueux échanges entre les participants venus de tous les continents.
Par ailleurs, Dr Xavier Crespin a eu un entretien avec la directrice de la communication de la Fondation Mérieux, Madame Koren Wolman-Tardy avec qui il a échangé en détails sur certains points de sa présentation.
Le DG de l'OOAS a aussi accordé un entretien à la journaliste de RFI Charlie Dupiot, relativement à la situation des épidémies en Afrique de l'Ouest et des actions entreprises au niveau régional et des pays en vue de lutter plus efficacement contre les maladies.
Enfin, le DG de l'OOAS a mis à profit son séjour à ANNECY pour rencontrer plusieurs partenaires (CORDS, AFD, AMP, BM, des Universités, des Associations et autres fondations œuvrant dans la lutte contre les maladies infectieuses en Afrique, etc.). La fin de la journée a été marquée par un cocktail et un diner officiel auquel le DG a pris part.
Il est important de rappeler que l'OOAS et la fondation Mérieux collaborent depuis plusieurs années dans les domaines de l'amélioration des services de laboratoires, de la formation continue et initiale, de la gestion de l'information de laboratoire, du renforcement des systèmes d'achat des produits et de maintenance des équipements via une approche régionale et enfin du financement des systèmes de laboratoires dans la région ouest africaine.
Cette collaboration s'est renforcée au cours de ces dernières années notamment grâce aux projets WARDS et REDISSE, tous fiancés par la Banque Mondiale.
Photo 2: Séance de travail du groupe de la première table ronde (à côté du Pr Bréchot, DG de l'Institut Pasteur de Paris, le DG de l'OOAS)